Debout à 6h en Arizona. Ce matin on file dans le désert sur nos chevaux de métal. Premier arrêt, un immense trou dans le sol créé par une météorite qui a percé la couche atmosphérique et qui a « crashé » à une vitesse de fou dans le désert. Après, on va à une des places les plus connues de la 66 et de la planète pour son côté mythique et sa colossale crevasse de chaque côté de la rivière Colorado : LE GRAND CANYON. Pis on se retrouve à suivre un vrai « biker »… Un gars qui a construit des Harley et des Indian pendant 5 décennies, pis qui nous montre un coin de pays et nous fait comprendre c’est quoi la vraie « bike culture » aux States, avec sa Indian 53. Comme si les 300 km de moto n’étaient pas assez durs sur nos corps de jeunes athlètes de 50 ans, on décide de finir ça avec une ride à cheval et de camper dans le désert. C’est le jour 17 de notre voyage, on est en Arizona, pis je me suis pas souvent senti aussi libre de toute ma vie…
Partis à 6 h du matin pour le Meteor Crater. Le soleil est déjà haut dans le ciel de l’Arizona. À peine 100 km plus loin que notre départ, on arrive.
On rencontre Edouardo, un gars qui a déjà voulu être un acteur, mais qui s’est transformé en spécialiste de ce cratère géant créé il y a 50 000 ans par une météorite. Impossible de prendre les motos, on embarque avec lui : des kilomètres de sable à 10 km/h parce que c’est loin d’être une route asphaltée. Pis ceux qui connaissent la moto savent que, rouler sur une route de terre avec une grosse Harley, c’est pas toujours sympathique. Juste faire le tour du cratère, ça nous a pris plus qu’une heure. 50 000 ans en géologie c’est jeune, nous autres, on se trouve un peu vieux à 50 ans. Tout est relatif, sauf que le cratère, lui, a pas changé d’un poil, nous autres, on a pris quelques rides. Eduardo nous dit combien le cratère a été utile pour les astronautes de la NASA avant d’aller faire un tour sur la Lune. Il a aidé les astronautes à comprendre la différence entre les cratères d’impact et ceux qui n’ont pas été créés par des impacts. De la position où on est, on a toute une vue du cratère et on est chanceux, mais pas autant que les gens de la Nasa qui sont descendus dans le trou de 190m de profond. J’aurais vraiment aimé descendre jusqu’au fond pour voir le sentiment ressenti tout au fond. Eduardo nous dit que ce cratère-là s’est formé en 10 secondes et qu’il est resté intact ou presque depuis plus de 50 000 ans. L’onde de choc aurait été si violente que personne n’aurait survécu à 10 km à la ronde du point d’impact. On parle ici de 1000 fois plus puissant que la bombe atomique qui a explosé à Hiroshima. Vaut mieux profiter du temps présent. Et de notre liberté en moto… dans ces paysages de fous et d’aller voir quelque chose d’encore plus majestueux, une des merveilles naturelles du monde : le Grand Canyon.
4 gars, libres comme l’air à 50 ans, devant un trou qui a pris des millions d’années à se former. On est comme figés, les 4 devant l’immensité. Un gigantesque amas de roches, multicolores. On continue sur le sentier à peu près seuls, pis on savait qu’à peu près 3-400m plus loin, y’avait un des bouts les plus gigantesques de tout le canyon, une place où plusieurs se sont carrément mis à pleurer en voyant ça : Yavapai Point.
Pis là, une vision pratiquement chimérique s’offre à nous, tellement grandiose qu’on a l’impression d’être devant une grande œuvre d’art, un tableau minutieusement peint, ou plutôt, un chef-d’œuvre de sculpture inclassable, créé par une puissance qui nous dépasse. Mais la plus grande surprise, ça allait être un grand gaillard. Un vrai « biker ». On rencontre Lowell, un vrai gars de moto. Un dur au cœur tendre, je pense… Un gars qui a choisi de faire sa vie à sa façon. Il nous raconte qu’il a appris la mécanique en écoutant et respectant les plus vieux…
Lowell habite à 130km d’ici, mais il vient au Grand Canyon plusieurs fois par année, une petite ride du mardi matin pour lui. Après s’être jasés un peu, on roule avec lui, j’ai l’impression qu’il s’ennuie de rouler avec des chums. Lowell conduit une Indian 1953, l’année de sa naissance. Une moto qui a 13 ans de plus que nous 4. Sur nos motos de l’année, on faisait pas le poids. La liberté… En moto… C’est très cool. Mais pas au prix de ne pas revoir mes amis, mes enfants, et ma blonde à Montréal… ça me fait penser d’être juste un peu plus prudent. Sur sa belle 53, y’a même pas de gage à essence, et contre le vent, la consommation quadruple à peu près. Lowell a manqué d’essence, mais François était là avec un petit bidon, juste ce qu’il faut pour se rendre à la station d’essence. Je pense que je vais garder ma Harley de l’année… Elle est pas mal plus facile à rider. Lowell sentait que sa Indian allait peut-être avoir besoin d’être checkée un peu avant de retourner chez lui… On le suit et il nous amène chez un de ces amis qui a une « shoppe » à 45 minutes de route.
On fait la rencontre de Shane. Lui, sa spécialité; c’est les Harley. On se retrouve avec 2 vieux chums, 2 mécanos de moto dont le travail est connu et dépasse même les frontières des États-Unis. Shane et Lowell nous expliquent la culture de la moto. En fait, Lowell nous fait comprendre que c’est une fraternité! Il faut vraiment avoir la moto dans le sang pour reconstruire une antiquité à partir d’une pile de pièces provenant d’une couple de vieilles Indian. Mais il a une raison de plus d’aimer sa Indian, c’est un vieil ami qui lui a demandé de faire cette moto à partir des pièces de Indian de plusieurs modèles différents qu’il a fait « fitter ». Et une fois que la moto a été construite, son ami lui a donnée. Un peu parce qu’il était déjà très malade, mais beaucoup par amitié. C’est ce type de brotherhood, ce lien de fraternité qui unit les motards comme Lowell. Quand il nous a raconté cette anecdote, on sentait toute l’importance que ce lien avait pour lui. Ça, ça nous impressionne pour vrai.
C’est le temps de dire bye à nos « bikers »! Pis de changer notre liberté à moto pour suivre celle d’un vrai cowboy…. À cheval … et en camping… Yee-ha!
Nous voilà en plein désert de l’Arizona. Après le Meteor Crater et le Grand Canyon… On s’en va coucher dans le désert, à cheval. C’est qui déjà qui a eu cette idée brillante-là? Jean Loup. Après une super belle ride à cheval, avec nos sleeping bags attachés sur notre monture, on arrive sur le site de camping juste avant le coucher du soleil… C’est parfait! La bière est bonne. Boone, notre guide, nous souhaite bonne nuit avec les serpents et les coyotes. On est chanceux de vivre ça, complètement libres… On a fait le choix de ce trip-là pis on le vit à fond… Comme Lowell qui a choisi sa vie de biker, pas toujours facile, mais il l’aime comme ça. Pis les gars me réservaient même une surprise… pour mes 50 ans. Pis c’était pas de la piquette… 50 ans avec ses 3 meilleurs chums… Je ne peux pas demander mieux.
2 -3 accolades de gars…. Et BOOM!!! Une espèce de liquide brûlant qui revole partout!! À deux pouces de la face. Les jeans et les manteaux tout collés. L’idée brillante de François de mettre dans le feu une canne de conserve de lait condensé qui vient d’exploser… on en a eu pour une bonne demi-heure à se décoller de sucre bouillant qui aurait pu nous brûler solide, on l’a échappé belle.
La température descend vite dans le désert, Jean-Loup décide de nous garder au chaud en alimentant le feu à sa façon. Pas de danger que le feu s’éteigne durant la nuit. Y’a apporté une bûche d’à peu près un pied et demi de diamètre par huit pieds de long. Wow. Quelle chance, quel cadeau qu’on s’est fait… Pis pour aller avec le sublime Cabernet Sauvignon 2009, notre super souper gastronomique de saucisses hot-dog italiennes, cuites aux États-Unis, est prêt! Honnêtement ça n’a aucune importance ce qu’on mange… On est exactement là où on veut être ce soir sur la planète… La vie à 50 ans je m’y habitue déjà! Demain on se lève tôt, et on réserve une moyenne surprise à Jean-Loup… Un barbier de 89 ans… Hahaha
Meteor Crater
Interstate 40, Exit 233, Winslow, AZ 86047
Grand Canyon National Park
Yavapai Point, Grand Canyon Village, AZ 86023
Grand Canyon Caverns
115 Mile Marker AZ-66, Peach Springs, AZ 86434